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Soutien à la parentalité
THÉRAPIE DE SOUTIEN À LA PARENTALITÉ
Parfois, la meilleure chose à faire en tant que parent, c’est de ne rien faire
Extrait du journal courrier international
Trop autoritaire, trop permissif, pas assez présent… : c’est quoi être un bon parent ?
Constatant le stress que la parentalité peut causer autour de lui, ce directeur d’école et auteur d’articles sur l’éducation dans le magazine américain “The Atlantic” estime que, pour éviter les risques que l’éducation des enfants fait parfois peser sur la santé mentale, il faut accepter de se voir comme un phare dans leur vie, un guide qui ne pourra pas toujours les protéger de tout.
Quand mon fils était encore un bambin, il adorait courir dans notre allée, jusqu’à ce qu’il tombe. Alors il se tournait vers moi pour savoir s’il était blessé. Si mon visage trahissait de l’inquiétude ou si un petit cri de surprise m’échappait, il pleurnichait. Si je restais serein, en revanche, il se nettoyait d’un coup de main et se remettait aussitôt à courir.
Le jour où j’ai compris à quel point je pouvais influencer son état mental, ce fut une révélation. Ce petit être se fiait à moi pour donner un sens au monde. Pas seulement pour apprendre à faire ses lacets ou à réciter l’alphabet, mais pour savoir ce qu’il devait ressentir.
Les enfants uniques ne sont pas ceux que vous croyez.
Des années plus tard, alors qu’il était au collège, cette leçon de la vie m’est revenue à l’esprit. Un soir, en faisant ses devoirs, il m’a parlé d’un camarade de classe qui avait été particulièrement méchant avec lui. Mon premier réflexe a été de m’empresser de régler les choses – envoyer un courriel aux parents, appeler l’école, exiger des actions. (En tant que directeur de l’établissement, il aurait été cependant délicat d’appeler ses enseignants).
Mais au lieu de réagir au quart de tour, j’ai temporisé : “Ça a dû être dur. Qu’est-ce que tu as fait ?” “J’ai décidé de ne plus le voir pendant quelque temps, m’a répondu mon fiston. À la place, le midi, je vais essayer de jouer au foot.” “Super-solution !” l’ai-je encouragé, avant qu’il ne se remette à ses devoirs. Ce moment tout ce qu’il y a de plus ordinaire avec mon enfant cristallise une vérité importante : parfois, la meilleure chose à faire en tant que parent, c’est encore de ne rien faire.
La parentalité, une source de stress.
Il n’est pas d’âge pour revivre ce que l’on a ressenti en tenant pour la première fois son enfant dans ses bras, lorsqu’on se dit : “Te voilà, toi dont je suis responsable de la vie !” Et il n’est pas de conseil qui puisse préparer à cette nouvelle aventure, si magique et terrifiante à la fois.
La vie de parent est pleine de joie, de défis et, parfois, de stress. De fait, selon une récente publication des services américains de santé publique, être parent est mauvais pour sa santé mentale. Le document cite toute une série de facteurs qui contribuent aux risques et périls de la vie parentale, des les réseaux sociaux jusqu’aux inquiétudes que nous inspire la sécurité de nos enfants.
Et si nos méthodes d’éducation nous compliquaient la vie, à nous-mêmes et à nos enfants ? Et si, en en faisant moins, on s’en sortait mieux ?
Du “parent hélicoptère” au “parent chasse-neige”.
Depuis trente ans que je travaille dans des écoles, j’ai rencontré des milliers de parents. Trop souvent, je m’aperçois qu’ils en font trop, qu’ils privent leurs enfants de cette confiance qui s’acquiert en faisant des efforts, en persévérant, en se battant pour obtenir quelque chose, et ce faisant, qu’ils s’épuisent eux-mêmes.
Si j’ai rencontré ce genre d’hyper-parents tout au long de ma carrière, le problème ne fait, me semble-t-il, que s’aggraver. De nos jours, la plupart des Américains pensent que les enfants ne s’en sortiront pas mieux que leurs parents. Ils constatent avec dépit que la concurrence s’accroît tandis que les ressources s’amenuisent – que ce soit pour entrer à l’université, décrocher un emploi, trouver un logement. Aussi font-ils des pieds et des mains pour s’assurer que leur progéniture à eux sera de ceux qui réussissent.
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Nous sommes conçus biologiquement pour empêcher nos enfants de souffrir, et de fait il peut être insoutenable de les voir peiner dans les épreuves de la vie. Le premier réflexe d’un parent est souvent d’éliminer les obstacles qui se dressent sur le chemin de leur chérubin, obstacles qui semblent infranchissables pour eux mais sont si faciles à gérer pour nous.
Dans la culture populaire, cette tendance a même donné naissance à toute une mythologie sur les différents styles parentaux excessifs, depuis le parent “hélicoptère”, qui vole au secours d’un enfant en crise, jusqu’au parent “chasse-neige”, qui aplatit tout obstacle sur le chemin de son enfant. Le hic, c’est qu’un enfant qui grandit en étant habitué à ce que son parent intervienne tous azimuts finit par croire qu’il n’est pas capable d’agir seul, ce qui entretient son anxiété et sa dépendance.
Soutien et confiance
À l’opposé, le parent “phare” est une référence stable et fiable, qui apporte à son enfant de la sécurité et de la clarté, sans pour autant tout contrôler sur son chemin. Exemple : en rentrant de l’école, une fillette se sent débordée et se plaint de devoir faire “tout le travail” pour un projet de groupe qui doit être rendu la semaine suivante.
L’hyper-parent est déjà sur le pied de guerre. Pourquoi tu ne dis pas clairement aux autres membres du groupe ce qu’ils doivent faire exactement ? Tu devrais mettre ton nom à côté de toutes les parties que tu as faites, pour que ta prof sache que c’est toi qui as fait le travail ! De toute façon, je vais lui envoyer un courriel, comme ça, elle saura que c’est toi qui te tapes tout le boulot, etc.
Ces tactiques s’attaquent peut-être aux symptômes, mais elles négligent les racines du problème. Pis, elles disent implicitement à l’enfant que, ce dont il a besoin, c’est l’intervention de son parent. Or, parfois, un enfant a juste besoin que l’on reconnaisse ce qu’il vit. Ouah, ça doit faire beaucoup de choses. Je vois bien que tu travailles très dur. Tu as des idées de ce que tu comptes faire ?
Tel un phare qui aide les marins à éviter les écueils, le parent phare fixe des limites fermes et apporte un soutien émotionnel tout en laissant à son enfant la liberté de voguer et de relever ses propres défis. Il montre ainsi qu’il lui fait confiance pour gérer lui-même les situations difficiles. Le tout est d’apprendre à savoir quand rester en retrait.
Les laisser apprendre à commettre des erreurs.
Au lieu de céder à notre tendance à régler les problèmes, ayons la patience d’écouter nos loupiots. Au lieu de chercher des solutions rapides, de lutter contre leurs émotions et leur mal-être, laissons le temps à leurs émotions d’exister. Nous leur offrons ainsi la possibilité de développer leur résilience. Nous leur disons que nous leur faisons pleinement confiance pour surmonter les difficultés de la vie.
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Si un enfant n’a jamais la possibilité de se débrouiller seul, plus tard, lorsqu’il sera adulte, il risque de s’effondrer sous le poids des contrariétés de l’existence. Pour grandir, il doit apprendre à déployer des efforts, à commettre des erreurs et à en tirer des leçons. N’importe quel apprentissage – qu’il s’agisse du codage, de la peinture ou d’un sport – repose sur une succession d’erreurs : c’est le passage obligé pour maîtriser une compétence.
Or si nous, parents, ne laissons pas à nos enfants le droit de commettre des erreurs, ils risquent d’intégrer ce message inconscient et involontaire : les erreurs sont des échecs définitifs, et sans valeur. Trop d’enfants pensent que leurs parents veulent des bulletins parfaits et, dans la poursuite de cet objectif inatteignable, ils passent à côté de maintes occasions de grandir.
Des parents moins stressés et des enfants plus autonomes
Dans les années 1960, la psychologue Diana Baumrind décrivait trois styles parentaux, que d’autres chercheurs ont ensuite élargis à quatre : autoritaire, permissif, désengagé et démocratique. Les parents autoritaires prennent toutes les décisions pour leurs enfants en ne leur laissant que bien peu de marge de négociation. Les permissifs évitent les conflits en posant peu de limites, avec pour conséquence que leurs enfants présentent souvent des problèmes de discipline et de concentration. Les parents désengagés sont déconnectés : ils apportent un soutien et une structure minimes.
Les parents démocratiques, relativement souples, associent des attentes claires à la volonté d’écouter leurs enfants. Ce sont eux, les parents phares. Ils sont clairs sur les valeurs, mais ouverts quant aux différentes manières possibles de mettre en pratique ces valeurs. Ils opèrent un équilibre entre structure et autonomie. Selon les recherches, les parents démocratiques ont tendance à faire de leurs enfants des adultes heureux et compétents. Malgré une apparente simplicité, trop de parents peinent à fonctionner selon ce modèle.
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À noter que tout parent se montre tour à tour autoritaire, permissif, désengagé et démocratique, en fonction de la situation et de ce qui se passe dans sa vie.
Bref, prenons du recul sur notre rôle de parent, en nous concentrant sur les bénéfices à long terme et non les gains à court terme. Nous, parents, n’en serons que moins stressés. Nos enfants, eux, n’en seront que plus accomplis.
Oui, être parent est parfois stressant. Mais si nous accordons à nos enfants notre confiance, si nous les laissons suivre leur propre voie, et si nous sommes là pour eux tel un phare stable et lumineux, nous allégerons notre vie tout en leur donnant les moyens de s’épanouir.
Russell Shaw
« L’image du tisserand qui reprend sans cesse son ouvrage traduit bien cette fabrique du lien parental, avec l’invention de maillages plus ou moins ingénieux et de nœuds impossibles à délier… Devenir parents s’inscrit dans une histoire faite de tâtonnements et de multiples métamorphoses : être parent d’un nouveau-né, d’un jeune enfant ou d’un adolescent appelle des transformations et une certaine souplesse dans le tissage des liens. Comment bascule-t-on sans transition ni véritable apprentissage dans le rôle de parents ? De quoi ce lien parental, qui se tisse au fur et à mesure de l’ordinaire des jours, est-il fait ? Existe-t-il une différence de perception entre une femme et un homme ? »