Quand il m’arrive de me retirer en moi-même pour regarder, relire ce qui s’est passé en séance individuelle ou en groupe et qu’il me reste un goût d’inachevé ou d’incompréhension, ou un vague regret de quelque chose qui aurait pu être et n’a pas été, comme un ressenti planant qui n’a pas trouvé sa voie dans une nouvelle figure, je regarde la façon dont je suis intervenue, ou je ne suis pas intervenue. En général, je m’aperçois que je ne me suis pas donné assez de temps. Je n’ai pas pris le temps :
- d’écouter ce qui bruissait en moi alors que j’écoutais la personne ;
- de mettre des mots neufs, frais, complètement ajustés à ce bruissement, en même temps qu’à ce qui était en train de se passer, juste à ce moment-là, et que je pouvais percevoir, de la situation ;
- d’écouter ce que la personne avait à dire de plus, au delà de ce qu’elle croyait avoir à exprimer, c’est-à-dire d’écouter son implicite, ce qui n’était pas encore formulé, ni même formulable mais qui demandait juste un ralentissement du rythme, du silence ou un peu d’espace ;
- d’apprivoiser ce qui était apeuré (chez moi, chez l’autre, dans cette tension qui pesait là, entre nous) et qui n’attendait que d’être reconnu comme tel pour s’engager plus avant.